Marc Simon
Étudiant en Histoire de l’art, dans les années 70, Marc Simon suivait avec passion les cours de Bernard Ceysson à Saint-Étienne et côtoyait la scène artistique stéphanoise : Didi, Artias, Coignet, Giraudon, Orlan, Lovato… Puis il y a quarante ans Marc Simon a choisi de se consacrer à la céramique. On ne peut que se féliciter de ce choix qui lui a donné la possibilité de s’affirmer dans sa recherche plastique.
Son travail a connu diverses évolutions depuis ses premières pièces influencées par la céramique japonaise pour ensuite se tourner vers l’abstraction puis vers une expression plus figurative. Son univers touche au merveilleux, qu’il puise dans les contes et les mythes mais aussi grâce aux voyages et séjours qu’il effectue à l’étranger. Tout d’abord aux États-Unis, en 1982, où il croise sur sa route de nombreux céramistes aux conceptions très différentes l’encourageant à poursuivre ce qu’il avait déjà entrepris, à savoir, installer son travail dans une expression contemporaine, très sculpturale voire plus architecturale, de grande taille. D’autres horizons s’ouvrent encore à lui lors de sa résidence au Japon (2009). De retour à l’atelier, il réalise des volumes en terre, d’où surgissent des Démons et Merveilles.
Constellation, présentée à Samadet, est un trajet de blocs de pierre disposés dans l’espace. Cette installation nous entraîne à la rencontre de l’univers mental des aborigènes d’Australie (Bruce Chatwin, Le chant des pistes). D’autres voyages, d’autres lectures, nous transportent chez les indiens Quechuas, avec sa série, Ila. Inspiration trouvée suite à la lecture de La montagne d’argent d’Anne Sibran où est évoquée une vieille croyance autour de blocs de pierre qui se détachent de la montagne et se mettent en mouvement. Un univers plein de mystère qui ne cesse de le solliciter. Dans ses rêveries encore, en écoutant du jazz ou de la musique contemporaine il crée ses Derviches prêts à tournoyer comme des ouragans à nous en faire perdre la tête.
L‘image en mouvement projetée sur Démons et Merveilles Rouges, présenté à l’occasion de la Biennale internationale de céramique de Vallauris, évoque un univers sylvestre installant les sculptures dans un monde onirique et fantastique.
Artiste céramiste ne se refusant pas l’usage d’autres médiums (son, vidéo, eau…) Marc Simon est aussi un peintre dans une veine expressionniste et gestuelle. Ses peintures sont souvent les prémisses d’un travail en volume et elles seront dans un futur proche des éléments de ses installations, s’ajoutant aux mises en scène découlant de ses réflexions.
Marc Simon invente une nouvelle mythologie à partir de ses lectures, de ses voyages, de son imaginaire, de ses connaissances en Histoire et en Histoire de l’art. Toutefois cette expression figurative évolue de nouveau vers des volumes simplifiés : des pièces plus sculpturales et moins narratives.
Dominique Poiret, in catalogue d’Eac Les Roches 2015