Exposition
Par delà le mur, la forêt de Cristine Guinamand
Commissaire de l’exposition : Leïla Simon
Cristine Guinamand, L’Oeil, 2024, acrylique et huile sur toile libre, 214 x 300 cm
Il était une fois un monde qui courait à sa perte.
Désemparé face à la multitude, l’humain voulut unifier le vivant en tentant de maîtriser et d’ordonner les éléments.
S’ensuivit une période sombre, très sombre, donnant naissance au chaos.
Dans sa volonté de se protéger, l’humain bâtit un mur. Mur dont l’ombre projetée le bascula davantage dans l’obscurité entraînant sa disparition.
Plus fortes que jamais, la lumière et la nature reprirent le dessus.
Par delà le mur,
Chaos.
Lorsque les peintures de Cristine Guinamand sont habitées par le chaos, la violence et la noirceur les imprègnent, nous dévoilant un monde post-apocalyptique délivré de l’humain où le bouillonnement de la vie opère déjà des changements. De l’éclatement naît de la fusion ; de l’éparpillement naît de la condensation.
Un imbroglio de masses, de couleurs, de formes s’enchevêtre, se disloque.
Imbroglio, et pourtant en examinant avec minutie les peintures, on s’aperçoit qu’il s’agit plus d’un agencement organisé et mesuré. Ces “chemins imagés” sont des rébus à déchiffrer tout au long du parcours.
Rébus aux solutions aussi variées que le sont ses décrypteurs. Cristine Guinamand parle d’ailleurs de “peintures invisibles [qui] naissent des liens que le regardeur forme en fonction de ses propres connaissances et ressentis”.
la forêt
L’artiste évoque, lorsqu’elle peint, “une danse maîtrisée alliée à un lâcher prise nécessaire”. Les arcanes de sa création nous sont également dévoilés quand elle explique qu’elle observe ce qui advient sur la toile à travers le reflet d’un miroir. Non pas par crainte d’être changée en pierre par la Gorgone, mais plutôt pour s’en détacher pour mieux revenir.
De la force du regard, il en est également question avec l’œil qui émane de la peinture ou a contrario s’y fond.
La référence de l’œil de La Providence est moins à interpréter comme une volonté de la part de l’artiste de surveiller l’humanité que d’en dresser une satire. Ses rayons lumineux éclairent une nature luxuriante. Dans les dernières peintures de Cristine Guinamand, le chaos a laissé place à la lumière.
Phaos.
Les paysages fantastiques baignent, cette fois-ci, dans une lumière étincelante, voire flamboyante. La végétation au bouillonnement prolifique, d’où se révèlent des animaux, s’épanouit dans des couleurs lumineuses. Le paon, symbole de paix, d’harmonie et de prospérité. Le caméléon, dont l’adaptabilité nous apprend, entre autres, à accueillir les changements avec sérénité. Le flamant rose représentant l’équilibre…
Certes la noirceur n’en est pas totalement absente, un hélicoptère plane, mais son rendu, moins net que les autres éléments, laisse présager qu’il finira happé par ce foisonnement végétal.
Cristine Guinamand a su contourner le mur ou peut-être qu’elle a tout simplement réussi à se frayer un passage. L’artiste témoigne du dépérissement d’un monde. Dépérissement d’où finit par jaillir la lumière permettant à la nature de se déployer.
Leïla Simon, 2024
Commissaire de l’exposition Par delà le mur, la forêt à Eac Les Roches
Exposition ouverte du 1er juillet au 1er septembre 2024
tous les jours de 15h à 19h
Entrée libre
Vernissage le dimanche 30 juin à 12h