Cinémapéros 2017
Mardi 18 juillet à 19h
Yasmina Benabderrahmane, « Bain céleste », 2015, film sonore, 26’57’’
« Bain céleste »… crissement, tréfonds et volupté, est un voyage onirique et apocalyptique (ce dernier adjectif entendu au plus près de son étymologie, « apokaluptein » – découvrir, révéler) à fleur d’une photographie.
Grâce à un processus d’altération chimique, issu d’une pratique photographique traditionnelle appelée « mordançage », une masse inerte prend vie dans un bain de révélateur. Un paysage anthropomorphe se dévoile, une chair pelliculaire se révèle. La surface épidermique est le théâtre d’une expérience sensorielle, visuelle et sonore. Un épiderme photosensible se décolle, se meut et devient reste. Un micro-organisme et un micro son s’en dégagent et entament un voyage infinitésimal dans une matière-objet : la surface mise à nu conserve les diverses traces tel un corps, un paysage magnifié, qui en devient sacré.
Yasmina Benabderrahmane, « Bain céleste »
Mardi 25 juillet à 19h
Takao Minami, « Delta Story », 2007, stéréo, 17’31’’
« Delta story » est une traversée de l’Arc Ryukyu où les collages et la narration, choisis par Takao Minami, nous plongent dans une ambiance impressionniste. Bien qu’il s’agisse d’une vidéo numérique et d’enregistrements de terrain recueillis lors d’un voyage de Kagoshima, en passant par Amami Oshima, Okinawa, Ishigaki jusqu’au port de Keelung (Taiwan), l’approche de l’artiste est moins spécifique que fragmentaire. En effet, plutôt que de se focaliser sur le Japon et Taiwan comme des emplacements définis, takao Minami permet à ces images de raconter leurs propres histoires et leurs propres lieux. L’abondance de composés visuels est une gradation et une perméabilité des limites géopolitiques qui représente bien l’expérience dynamique du voyage lui-même.
Takao Minami, « Delta Story », 2007, video still. Courtesy of the artist
Mardi 1er août à 19h
Romain Kronenberg, « Rien que de la terre, et de plus en plus sèche », 2016, film, 18’, crédits – avec Mehmet Korkut, Mazlum Adıgüzel & Baver Doğanay. Traduction kurde par Kawa Nemir. Production Romain Kronenberg.
Deux jeunes hommes sont installés dans le désert. Aucune âme à l’horizon. Ils attendent le retour d’un troisième homme parti en éclaireur. Les deux équipes restent en contact grâce à des radios. L’éclaireur explique le chemin qu’il accomplit, et l’étendue désertique toujours plus vaste devant lui. Il raconte l’espoir qu’il place dans chaque pas qu’il fait. Les deux jeunes hommes restés en arrière écoutent ; ils projettent leurs espoirs dans le futur et l’autre côté́ du désert. Mais la qualité́ du signal radio commence à faiblir. Des crépitements se font entendre sur la liaison. De plus en plus fortement. D’abord indéchiffrable, la voix finit par disparaitre. Les deux jeunes hommes se retrouvent dès lors seuls et sans nouvelles. Doivent-ils se lancer en avant ? Rester où ils sont ? La réponse qu’ils imagineront est finalement un paradoxe : que croire est aussi essentiel qu’est la conscience que croire est vain.
Romain Kronenberg, « Rien que de la terre, et de plus en plus sèche »
Mardi 8 août à 19h
Momoko Seto, « Planet A », 2008, vidéo HD, 07’40’’, Production : Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains
Le monde est devenu une planète desséchée, où la culture du coton exercée à outrance pour des raisons économiques, est la cause principale de la désertification. Ce phénomène fait écho à une plus grande catastrophe écologique, la désertification de la mer Aral, toujours l’homme comme responsable.
Et vous faite comme chez vous.
Momoko Seto, « Planet A »
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Momoko Seto, « Planet Z », 2011, 35mm, 09’30’’, production : Sacrebleu Productions
PLANET Z une planète déserte. Après quelques milliards d’années, une concordance de hasards y donne naissance à un miracle : l’eau. Cette source de vie permet à son tour une nouvelle apparition : les végétaux. La planète déserte se transforme ainsi en une planète verte. Mais des champignons liquides, gluants et mobiles apparaissent doucement sur les feuilles et viennent détruire la vie idyllique qui semblait y régner : c’est une nouvelle ère qui commence, celle des champignons, qui par sa force inévitable, va lentement moisir toute vie sur son passage.
Momoko Seto, « Planet Z »
Mardi 15 août à 19h
Julien Loustau, « Sub », 2006, 45’
Le lac Vostok est prisonnier sous les glaces de l’Antarctique, isolé du reste du monde depuis des millions d’années. La seule technologie qui permettrait d’atteindre ce lieu sans risquer de le contaminer serait le Cryobot, un robot conçu par la Nasa et dédié à l’exploration d’océans subglaciaires sur d’autres planètes.
En Chine, dans la région des Trois Gorges, on finit de construire le plus grand projet hydroélectrique du monde. Le barrage a déjà noyé 600 km de vallées et entraîné le déplacement de plus d’un million de chinois.
Le long d’un voyage nocturne sur le fleuve Yangtze, dans l’exploration distante de ses berges en sursis, le film envisage l’odyssée solitaire du Cryobot à travers les glaces jusqu’au lac Vostok.
Julien Loustau, « Sub »